Interview de Jacques Cloarec : le métier de photographe

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Je voudrais vous faire entendre, Messieurs, un autre exemple de ce mois de la photo, c’est l’exposition à partir de demain à la galerie Régine Lussan des œuvres de Jacques Cloarec uniquement consacrés à l’Opéra sur la scène et dans les coulisses. Sophie Dumoulin a demandé à Jacques Cloarec de nous parler de son exposition, du choix de ses modèles et de sa conception de la photo.

Jacques CLOAREC : Je photographie depuis à peu près une dizaine d’années tous les spectacles d’un seul metteur en scène qui est ce compositeur d’avant-garde italien Sylvano Bussotti et qui fait énormément de mise scène en Italie et qui est très peu connu en France. Et j’ai pensé que le public français serait intéressé de connaitre son travail.

Il est très baroque dans ses conceptions et il a fait des spectacles sur les principales scènes d’Italie. Alors, je l’ai suivi aux Arènes de Vérone où il ouvrait la saison de l’année dernière avec Toska. Je l’ai suivi à Palerme pour un Otello de Rossini, à Rome pour un Simon Boccanegra, et pour ses propres œuvres aussi puisque lui-même a écrit plusieurs opéras.

J’envisage ce travail non point comme un photographe qui arrive le jour de la générale pour photographier le spectacle et passe au suivant, j’essaie toujours de vivre le spectacle pendant à peu près une semaine. C’est-à-dire que je vis avec la troupe, j’assiste à toutes les répétitions sans costume, en costume. Je vais voir les tailleurs qui font les costumes, je fais les photos à ce moment-là, je vois le metteur en scène dans ce qu’il essaie de faire et je photographie en connaissance de cause certaines parties des spectacles qui m’intéressent particulièrement.

Sophie DUMOULIN : Alors, vous vous installez dans la salle ou dans les arènes, comment cela se passe ?

Jacques CLOAREC : Oui, l’essentiel, c’est de ne pas se faire voir parce que l’état de tension qu’il y a sur un plateau quand on monte un opéra est quelque chose qui m’a absolument fasciné parce que quand il y a 3 à 400 personnes à réunir, tout ce monde est dans un état d’agitation et il faut arriver à coordonner le tout. Si en plus, il y a un photographe qui vient dans vos pattes et qui est là à chaque instant, il est très, très mal vu. Donc, il faut se faire tout petit, tout petit, s’habiller de couleur très sombre pour se faire voir le moins possible, et puis, entrer tout doucement, avoir des appareils très silencieux. J’utilise le Leica pour me faire le moins remarquer possible et puis voilà.