Alain Daniélou et Rabindranath Tagore vus par les archives paradoxes d’une affinité élective

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L’école de Constance à montré que l’œuvre d’un penseur n’avait de cesse de prendre sens dans le contexte de sa lecture et de sa relecture. Producteur de sens, le lecteur apporte une nouvelle dimension à l’œuvre. Ainsi expose Jean Starobinsky : « la méconnaissance de la pluralité des termes, l’ignorance du rapport qui s’établit entre eux, la volonté de privilégier un seul facteur entre plusieurs; d’où résulte l’étroitesse du champ d’exploration : on n’a pas su reconnaître toutes les personæ dramatis, tous les acteurs dont l’action réciproque est nécessaire pour qu’il y ait création et transformation dans le domaine littéraire, ou invention de nouvelles normes dans la pratique sociale»1. C’est à ce titre que le fonds d’archives conservé dans la maison d’Alain Daniélou près de Rome, est un matériaux de premier ordre pour contribuer à l’exégèse de la pensée de Tagore, mais aussi de celle de Daniélou. Si ce dernier ne se situe pas dans la lignée directe de Tagore, sa rencontre avec ce dernier fut pourtant décisive. Si Daniélou a une vie marquée par de nombreux voyages et domiciles en Inde, Italie, Allemagne, ou France, il a scrupuleusement conservé une trace de sa correspondance. Non seulement des lettres de ses destinataires, mais aussi des copies des siennes. Ces archives conservées au siège de la fondation FIND (Fondation Inde Europe de nouveaux dialogues) à Zagarolo sont très riches : elles comptent environ 500 courriers d’Alain Daniélou ou adressés à lui au sujet de son travail en relation avec l’œuvre de Tagore. Inédites jusqu’alors, elles constituent un témoignage sur la réception de l’œuvre de Tagore, expose les enjeux de l’entreprise de Daniélou sur le plan musical, éclaire le rôle de passeur des deux hommes. On situe leur première rencontre en 19322 et leurs relations ne cessent qu’avec la mort du poète, en 1941. Le présent article est donc un état des lieux de ces archives permettant d’ébaucher des pistes d’exploitation possibles de ces archives, tant dans le domaine de la musicologie que de l’histoire des idées, ou même sur un plan épistémologique. Nous proposerons donc une présentation de cette correspondance, puis nous nous focaliserons sur une première sélection de lettres que nous discuterons dans le cadre de cette première contribution avant de présenter les trois pôles principaux qu’on peut distinguer à la lecture de ces lettres.

1 Starobinsky J., Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, "TEL", 1978, p. 12.
2 Daniélou A., Le Chemin du labyrinthe, Paris, Robert Laffont, 1987.
Year of Publication
2014
Journal
Rivista Degli Studio Orientali, Nuova Serie - Irgano Scientifico del Dipartimento di Studi Orientali Sapienza, Università di Roma
Volume
lxxxvii
Issue
Fasc. 1-4
ISSN Number
0392-4866
URL
https://archives.fondationalaindanielou.org/bibliography/alain-danielou-et-rabindranath-tagore-vus-par-les-archives-paradoxes-dune-affinite